La carte des implantations crados
Elgin, Mer du Nord : Total en eaux troubles.
Présentée comme un « projet pionnier et une référence mondiale » par Total, la plate-forme de forage en eaux profonde d’Elgin en Mer du Nord a pourtant du être évacuée le 25 mars 2012. Menaçant d’exploser du fait d’une importante fuite de gaz survenue à plus de 4 000 mètres de profondeur, la plateforme détenue par Total E&P UK Limited a relâché jusqu’à 200 000 m3 de gaz par jour au début de la catastrophe. La fuite a finalement duré près de deux mois. Mais la plateforme d’Elgin n’en était pas à sa première fuite ! Entre 2010 et 2011, près de 4 600 kg de pétrole et de gaz avaient déjà été déversés, s’ajoutant aux 30 000 autres kg provenant des autres plateformes de forage situées dans la région. De l’aveu même de Total, il s’agit du plus gros incident pour l’entreprise en Mer du Nord depuis au moins 10 ans.
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Gaz de schiste en Argentine: attention, cocktail explosif!
Les gaz et huiles de schiste sont des hydrocarbures non conventionnels enfouis à plus de 3000 mètres de profondeur dans une roche compacte et imperméable. Une seule et unique technique existe pour extraire ces ressources : la fracturation hydraulique. Le principe ? Injecter à plus de 3000 mètres de profondeur un cocktail chimique des plus nocifs : près de 15 millions de m3 d’eau, de nombreux produits toxiques et du sable. Bien évidemment, la moitié de ce mélange reste dans le sol après injection, contaminant les nappes phréatiques, les terres agricoles et impactant fortement la santé des populations avoisinantes. Surtout, exploiter ces ressources serait une véritable catastrophe pour le climat : le méthane extrait a en effet un pouvoir réchauffant 20 à 25 fois supérieur au CO2, et contribuera à accélérer un peu plus la crise climatique. A défaut de pouvoir les exploiter en France, Total s’est fortement projeté sur d’autres territoires. Chine, Danemark, Pologne, Etats Unis ou Argentine seront ainsi ses prochains terrains de jeu. Au grand dam des populations locales.
En savoir plus : http://www.amisdelaterre.org/Gaz-et-huiles-de-schiste.html
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Arctique : sous la banquise, le pétrole !
L’Arctique est l’un des derniers écosystèmes encore préservé des conséquences souvent désastreuses des exploitations pétrolières. Son rôle est d’ailleurs fondamental dans la régulation du climat mondial et la préservation d’une biodiversité unique. Mais du fait de l’augmentation de la température mondiale, la banquise a perdu 1/3 de sa surface au cours des 30 dernières années et est aujourd’hui menacée par l’appétit des grands groupes pétroliers. Total profite ainsi d’un cercle vicieux dont il est lui-même à l’origine : en exploitant des hydrocarbures toujours plus polluants aux quatre coins de la planète, Total contribue à l’accélération de la fonte de la banquise en Arctique, lui permettant d’accéder très prochainement aux réserves de pétrole aujourd’hui recouvertes par la glace dans cette zone ! Outre la dévastation de l’habitat de nombreuses espèces animales protégées, il est facile d’imaginer les conséquences d’une potentielle marée noire dans cette zone et la difficulté de l’endiguer.
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Parc national des Virunga, République Démocratique du Congo, « Pas de frontière pour les pollutions »
Le Parc national des Virunga en République Démocratique du Congo est l’un des plus importants sanctuaires de biodiversité au monde. Servant de refuge à de très nombreuses espèces de faune et de flore protégées, il héberge notamment plus d’un quart de la population mondiale de gorille des montagnes, une espèce classée en danger critique d’extinction d’après l’Union Internationale de Conservation de la Nature. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, ce site est protégé contre l’exploration et l’exploitation pétrolière par la loi congolaise et par plusieurs conventions internationales. Si Total, sous la pression des populations locales et de la société civile internationale, semble avoir renoncé à exploiter le pétrole à l’intérieur du Parc, il n’entend pas renoncer aux réserves situées en immédiate périphérie. Les pollutions ne connaissant pas de frontières, les exploitations en périphérie du parc seraient tout aussi dramatiques à l’intérieur du Parc et impacteraient durablement sa protection. Si la pression médiatique semble obliger Total à être prudent sur ce cas, l’entreprise se garde bien de prendre l’engagement global « de ne jamais explorer ni exploiter aucun site du patrimoine mondial », un engagement pourtant demandé par le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Agir : signer la pétition du WWF: http://petitions.wwf.fr/sos-virunga/ »http://petitions.wwf.fr/sos-virunga/
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Canada : Pavillon noir sur les sables bitumineux.
Les sables bitumineux sont un mélange naturel de sable ou d’argile, d’eau et d’une forme très visqueuse et dense de pétrole que l’on appelle le bitume. Total est l’un des leaders mondiaux dans ce domaine, étant notamment opérateur, via sa filiale Total E&P Canada, de plusieurs projets miniers de ce type au Canada, dont certains à proximité du Parc National Wood Buffalo, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Les processus permettant de transformer ces sables bitumineux en carburant nécessitent une importante mobilisation de ressources naturelles : entre trois et cinq mètres cubes d’eau sont nécessaires pour produire un mètre cube de pétrole, et près de deux tonnes de sables bitumineux devront être traités pour obtenir un baril. De plus, ces techniques libèrent de trois à cinq fois plus de gaz à effets de serre que le pétrole conventionnel. Les modes de vies traditionnels et le bien être des communautés indigènes se voient donc largement menacés par ces projets. Déforestation, augmentation du nombre de cancer et perturbation de la vie sauvage ont sont les premiers symptômes. En outre, Total continue d’évaluer la présence potentielle de sable bitumineux à Madagascar, dans la région de Bemolanga.
En savoir plus : http://www.amisdelaterre.org/sablesbitumineux.html
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Nigéria : Delta du Niger le scandale permanent.
Présent au Nigéria depuis 1962, Total tire près de 10 % de sa production totale du Delta du Niger. L’une de ses exploitations est notamment situé sur les terres du peuple Egi dans l’Etat de Rivers, un clan comprenant quelques 350 000 personnes dans 17 villages. Sur son site internet, Total se vante d’avoir établi des « relations cordiales » avec les communautés locales, notamment par la signature d’un protocole d’entente en 2007. Pourtant, l’histoire de Total avec le peuple Egi est depuis toujours perturbée par des évènements des plus regrettables : fuites majeures d’hydrocarbures, explosion de centrale à gaz, torchage massif de gaz… Récemment, une partie du clan a été expulsé de ses terres par Total afin de moderniser l’une de ses centrales. Les pressions de l’entreprise, ont peu à peu menées les populations à abandonner leurs terres avant que Total ne clôture l’emplacement avec deux murs de béton, laissant les paysans sans terres à cultiver et sans aucune compensation. En avril 2012, une importante fuite de gaz est venue polluer un peu plus cette zone comptant parmi les plus polluées au monde du fait de l’activité des grandes compagnies pétrolières européennes.
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France
Erika : « Total nous fait marée noire ! »
Le 12 décembre 1999, le navire pétrolier Erika affrété par une filiale anglaise de Total pour transporter une cargaison de pétrole de plus de 30 000 tonnes vers l’Italie fait naufrage au large de la Bretagne. Le bilan est catastrophique : 400 kms de côtes souillées du Finistère à la Charente Maritime ; entre 200 000 et 300 000 oiseaux morts ; 20 000 tonnes de fioul déversées en mer. L’estimation du bilan écologique de la catastrophe s’élève à 370 millions d’euros. L’Erika, navire poubelle construit en 1975 et régulièrement utilisé par Total avant la catastrophe, était un imbroglio juridique à lui tout seul. Le jour de son naufrage, 11 nationalités différentes étaient impliquées dans l’opération de transport, entre l’affréteur, le gestionnaire, l’armateur et les multiples filiales y prenant part. Une situation parfaite pour Total pour essayer de noyer sa responsabilité, ce à quoi les avocats du groupe se sont attachés durant le procès suivant le naufrage. Mais la justice en a décidé autrement : en tant qu’affréteur du navire et dûment informé de l’état de celui-ci, le groupe pétroler est le véritable responsable de la catastrophe !
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« AZF : plus jamais ça »
Le 21 septembre 2001, l’usine AZF de Toulouse était détruite par l’explosion d’un stock de matières chimiques. Outre les 31 victimes décédées, les milliers de personnes blessées, pour certaines grièvement et/ou psychologiquement fragilisées, ce furent des milliers de domiciles détruits ou dégradés, des emplois supprimés, des entreprises fermés… Thierry Desmarets, PDG de Total à l’époque des faits, n’a cessé de nier la responsabilité de Total en soulignant qu’ « en tant que PDG, [il] n’était pas responsable de tout ce qui se passait dans les filiales ». La responsabilité en reviendrait seulement à Grande Paroisse, filiale de Total et gestionnaire de l’usine. Pourtant, dans les jours suivants la catastrophe, Total s’est empressé de proposer aux victimes des arrangements à l’amiable : en l’échange d’une indemnisation pour leurs dommages physiques et matériels, celles-ci devaient s’engager à renoncer à toutes poursuites judiciaire contre Total. La maison mère a ainsi versé plus de 2 milliards d’euros aux victimes, contribuant à améliorer son image largement écornée suite à la catastrophe. Alors, Total responsable moralement mais pas juridiquement ? C’est hélas ce qu’ont conclu les juges le 24 septembre 2012.
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Ouganda : Le grand Nil bleu, bientôt noir ?
Situé en Ouganda, le lac Albert compte parmi les plus grands et les plus poissonneux des lacs africains. Il constitue l’un des principaux réservoirs du Nil, plus long fleuve du monde, dont dépendent plusieurs dizaines de millions de personnes. Via sa filiale ougandaise, Total détient plusieurs permis d’exploitation d’hydrocarbures dans cette zone, dont une grande partie empiète sur le périmètre du Parc National Murchison Falls. Traversé par le Nil, ce parc est une importante zone de biodiversité et occupe une place importante dans la préservation des eaux pour les populations du Nil vivant en amont. Protégé par la Convention de Ramsar sur la protection des zones humides et par la loi ougandaise, ce parc devrait être mis à l’abri de tout projet de forage pétrolier. En effet, au titre de cette loi, les zones humides servant de source d’approvisionnement aux populations humaines doivent être protégé contre toute atteinte ou modification. Ainsi, seules les utilisations non destructrices peuvent être opérées à l’intérieur ou à proximité des zones humides. Total prévoit pourtant de creuser une vingtaine de puits dans cette zone en 2013 et d’y injecter du polymère afin de fluidifier le pétrole et de faciliter son extraction.